Mercredi 12
novembre 2003
Le
projet de loi relatif au droit d’asile modifiant la loi du 25 juillet
1952, a pour objectif principal de simplifier les procédures et
de raccourcir les délais d’examen des dossiers des
demandeurs d’asile. En effet, la France enregistre depuis trois ans un
fort accroissement des demandes d’asile (80000 en 2001, soit un
triplement en trois ans).
Par
ailleurs, le détournement des procédures par des étrangers dont
les motivations sont principalement économiques et corrélativement
la chute du taux de reconnaissance de l’asile, contribuent à
alimenter ce que l’on peut appeler " la crise "
du droit d’asile.
Pour
répondre à ces facteurs de crise, le projet de loi propose des procédures
uniques pour toutes les demandes d’asile et confie à l’OFPRA
(Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides) l’exclusivité
de la compétence pour examiner les demandes. Sorte de guichet unique
du droit d’asile, l’OFPRA aura la lourde tâche de contribuer, d’une
part, à la simplification des démarches pour le demandeur et, d’autre
part, à la réduction des délais des procédures d’examen.
De
plus, le projet de loi supprime l’asile territorial ouvert à
toute personne qui établit que sa vie ou sa liberté est menacée dans
son pays ou craint d’y subir des tortures ou des traitements inhumains
ou dégradants. L’examen des demandes d’asile territorial relevait
de la compétence du Ministre de l’Intérieur. Le projet crée en
substitution " une protection subsidiaire "
qui touche les personnes qui ne sont pas concernées par la convention
de Genève.
Enfin,
pour renforcer les droits des demandeurs, le projet de loi permet d’accorder
le statut de réfugié ou la protection subsidiaire à une personne
persécutée par une personne morale ou physique non étatique.
Cette disposition permet de revenir sur une jurisprudence qui n’admet
que les persécutions perpétrées ou tout le moins encouragées par l’Etat.
D’autre
part, le projet de loi tend à rapprocher la législation française
du droit européen et plus particulièrement à anticiper sur les
directives communautaires relatives au droit d’asile. Le projet de loi
intègre dans le droit français des notions reconnues par l’ensemble
des Quinze.
Il
s’agit notamment de la " protection
subsidiaire ", " l’asile interne ",
" pays d’origine sûr ".
L’asile
interne permet de refuser le statut de réfugié ou la protection
subsidiaire aux personnes qui sont en mesure de bénéficier d’une
protection sur une partie du territoire de son pays d’origine.
La
notion de pays d’origine sûrs permet à l’OFPRA d’examiner
en priorité les demandes des ressortissants de pays qui respectent les
" principes de la liberté, de la démocratie et l’Etat
de droit, ainsi que les droits de l’homme et les libertés
fondamentales ".
Une
liste de pays d’origine sûrs, élaborée dans le cadre de l’Union
européenne, pourrait être arrêtée à l’horizon 2004.
Les
principales modifications :
Le
Sénat a adopté un amendement visant à assortir de quatre
exceptions la convocation par l’OFPRA du demandeur d’asile à
un entretien (article 1er ):
-
lorsque
l’OFPRA s’apprête à prendre une décision positive,
-
quand
le demandeur est originaire d’un pays dans lequel les
circonstances qui avaient pu conduire à la reconnaissance de l’asile
ont cessé,
-
quand
le requérant ne peut se présenter devant l’office pour des
raisons médicales,
-
enfin
si la demande est manifestement infondée.
La
consultation des archives des demandes d’asile ne peut être
autorisée que par le directeur général de l’OPFRA (article 2).
Un
amendement présenté par le Gouvernement permet d’étendre la
compétence territoriale des préfets en matière de décision d’admission
au séjour au titre de l’asile (article 6).
Plusieurs
amendements ont complété la notion de pays d’origine sûrs (article
6). Sur proposition de la commission des Lois, les sénateurs ont
notamment précisé que la prise en compte du caractère sûr du pays
d’origine ne peut faire obstacle à l’examen individuel du chaque
demande.
A.
Gourault.
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