Monsieur le Premier Ministre,

C’est aujourd’hui l’ensemble du Groupe de l’Union centriste au Sénat qui se tourne vers vous, afin d’appeler votre attention avec la plus vive insistance sur la situation dramatique des éleveurs de la filière bovine française. Les difficultés extrêmes qu’ils éprouvent actuellement engendrent un état de misère et de désespoir intolérable. En cette heure grave, l’annonce récente par le Ministre de l’Agriculture d’une série de 23 mesures , très insuffisantes voire virtuelles pour certaines, et surtout non chiffrées, paraît bien dérisoire. Nous en prenons néanmoins acte, tout en constatant qu’elles ne répondent pas au sentiment d’urgence aiguë ressenti par les éleveurs.

C’est pourquoi nous attendons que vous nous indiquiez rapidement de quelle manière vous entendez assurer le financement de ces mesures et surtout dans quels délais. Nous vous demandons également d’éviter le fractionnement, source d’inutiles complications administratives et d’assurer le versement immédiat de la totalité des primes promises.

Force est de constater la lourdeur, la lenteur et la complexité du dispositif prévu : il crée une angoisse supplémentaire chez des éleveurs déjà traumatisés par la violence de la crise auxquels ils sont confrontés et provoque l’incompréhension chez des consommateurs qui continuent de leur faire confiance. C’est pourquoi nous vous demandons solennellement d’envisager la mise en place de mesures simples et immédiates de compensation des pertes de revenus subies par les éleveurs.

Une délégation de notre Groupe parlementaire souhaite donc vous rencontrer très prochainement, afin d’évoquer ces propositions et d’envisager les dispositions globales qui seront à prendre demain pour sortir durablement de cette crise, ceci en concertation avec les agriculteurs eux-mêmes et leurs organisations représentatives.

Au delà des décisions visant à réguler le marché, à travers notamment les mesures de dégagement et la pleine application du programme d’achat spécial, nous voudrions examiner avec vous la promotion des signes de qualité, ainsi que les solutions permettant aux éleveurs qui le souhaitent de se reconvertir vers d’autres productions, ou, pour ceux qui s’approchent de l’âge la retraite, d’opter pour un dispositif progressif de cessation d’activité.

Nous considérons en effet, et nous savons que vous y êtes attentif, qu’un pays ne peut ignorer longtemps un pan entier de son économie sous peine de menacer sa cohésion sociale.

Avec nos remerciements, nous vous prions de croire, Monsieur le Premier Ministre, à l’assurance de notre meilleure considération.

Signé des 53 Sénateurs du Groupe : noms et départements

Philippe NOGRIX

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