Actions au Sénat - Intervention en séance

Loi de finances pour 2006.

8 Décembre 2005

 

M. le président. La parole est à M. Philippe Nogrix, rapporteur pour avis.

Philippe Nogrix au SenatM. Philippe Nogrix. rapporteur pour avis de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées (Forces aériennes). Monsieur le président, madame le ministre, mes chers collègues, les crédits affectés, au sein de la mission « Défense », à l'équipement des forces aériennes leur permettront de poursuivre la rénovation de la flotte de combat, avec la constitution, annoncée pour 2006, d'un premier escadron de Rafale sur la base de Saint-Dizier. Nous serons tous heureux d'aller les voir.

Les faiblesses les plus criantes de la flotte de transport stratégique seront compensées par la location, avec option finale d'achat, de deux A340, qui seront affectés à l'armée de l'air en juillet 2006 et janvier 2007. Voilà ce que l'on appelle les financements innovants !

Ces avions se substitueront avantageusement aux deux vieux DC8 qui volaient depuis 1968 au sein de l'armée de l'air. Leur financement englobera la mise à disposition et l'entretien de ces deux appareils, dont le coût des opérations de maintenance, parfois d'un niveau plus élevé que prévu, a nécessité leur arrêt.

Par ailleurs, la flotte de transport tactique sera modernisée à partir de 2010 avec l'arrivée progressive de cinquante A400M commandés par la France. Ils prendront opportunément le relais des quarante-deux Transall les plus anciens, qui volent depuis 1967.

Les grandes commandes à venir devront se faire en partenariat européen, notamment pour les futurs avions dits multirôles, qui assureront indifféremment le transport de troupes ou de carburant. Pour en minorer le coût, ce programme devrait découler d'une commande commune de plusieurs pays européens, comme pour l'A400M.

Les quelques facteurs d'incertitude du budget pour 2006 tiennent à l'impact d'une éventuelle persistance du coût élevé du pétrole sur l'entraînement, dont le haut niveau classe les armées françaises et britanniques parmi les premières d'Europe. En effet, seules ces deux armées assurent 180 heures de vol d'entraînement à leurs pilotes de chasse. C'est la norme requise par l'OTAN, qui assure la sécurité et l'efficacité de nos pilotes. Il faut savoir les protéger !

Ensuite, le coût croissant du maintien en condition opérationnelle de matériels de plus en plus sophistiqués - les technologies évoluent à un rythme de plus en plus rapide - est une source de préoccupation. Une concertation avec les industriels est nécessaire.

Enfin, le réseau des bases aériennes, composé actuellement de trente-huit implantations en métropole, doit être progressivement restructuré. Nous savons, à la commission, que ce sera un passage très difficile, mais absolument indispensable.

Parmi les récentes missions humanitaires accomplies par l'armée de l'air, notre commission tient à saluer particulièrement, madame le ministre, son action au profit des populations du Cachemire pakistanais, durement affectées par le séisme du 8 octobre dernier. Dès le 19 octobre, la France a organisé, en tant que nation dirigeante de la force de réaction rapide de l'OTAN, un pont aérien entre la base turque d'Incirlik et le Pakistan. Composé d'une dizaine d'avions de transport Hercules C-130, dont deux français, ce pont aérien a permis d'acheminer, en dix jours, plus de neuf cents tonnes d'aide, dont des tentes et des appareils de chauffage. L'armée de l'air a également contribué à l'installation d'un héliport, ô combien ! nécessaire, dans la zone touchée. Cette contribution méritait d'être soulignée, alors que les soutiens aux populations du Cachemire restent, hélas ! très insuffisants.

En conclusion, notre commission se félicite de l'évolution budgétaire de la mission « Défense », mais souligne, madame le ministre, l'impérieuse nécessité de concevoir les futurs programmes de l'armée de l'air, tels que les avions de transport multirôle ou les drones aériens d'observation et de combat, en coopération européenne. Le coût des programmes ne peut plus être supporté par une seule nation. Poursuivons dans le domaine des équipements la réussite de l'école européenne de formation des pilotes de chasse et de transport, permise par une coopération initiale franco-belge. Il faut se servir de l'exemplarité pour convaincre nos collègues européens.

De la même façon, je souhaite que la vision et les pratiques interarmées se développent pour réussir au mieux les projections, rapidement, en toute efficacité, sur les terrains d'opération. Il me semble que la stratégie de capacité de projection doive être absolument maintenue, étant donné les opérations qui engagent nos forces.

Sous réserve de ces observations, la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées a donné un avis favorable à l'adoption des crédits de la mission « Défense » s'agissant des forces aériennes. 

(Applaudissements sur les travées de l'UC-UDF et de l'UMP.)

 

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(Disponible sur le site du Sénat).

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