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Actions au Sénat - Intervention en séance
Débat sur la création d'une
commission d'enquête sur l'immigration
clandestine.
27
Octobre 2005
M. le
président. J'indique au Sénat que, compte tenu de l'organisation du débat décidée par la conférence des présidents, les temps de parole dont disposent les groupes pour cette discussion sont les suivants :
Groupe Union pour un mouvement populaire, 19 minutes ;
Groupe socialiste, 14 minutes ;
Groupe Union centriste-UDF, 8 minutes.
Dans la suite de la discussion générale, la parole est à M. Philippe Nogrix.
M.
Philippe Nogrix. Droit de
vote des étrangers, droit du sol,
immigration choisie, expulsions,
objectifs chiffrés, sans-papiers :
autant de sujets qui viennent régulièrement,
monsieur le président, mes chers collègues,
alimenter le débat politique et qui
font aujourd'hui l'objet d'une actualité
pressante, après différents accidents
regrettables et les déclarations de
certains ministres du gouvernement de M.
de Villepin.
Il nous est proposé aujourd'hui
d'examiner une proposition de résolution
émanant du groupe UMP et tendant à la
création d'une commission d'enquête
sur l'immigration clandestine.
Le groupe UC-UDF soutient cette
initiative dans la mesure où une
expertise sérieuse, tenant compte de
tous les éléments constitutifs de ce
problème, permettra d'élaborer une
politique réfléchie, en évitant des
conclusions hâtives et la préconisation
de mesures parfois excessives.
Des efforts ont été faits ces dernières
années. Depuis 2003, notre législation
a progressé s'agissant du volet répressif.
Elle s'est un peu moins améliorée
s'agissant du volet préventif, mais on
ne peut que reconnaître la volonté du
Gouvernement sur ce point particulier.
Les chiffres livrés par M. le
rapporteur indiquent, par exemple, une
hausse de 53 % des activités des
services de police pour la répression
des « aidants » à l'entrée irrégulière,
ainsi qu'une augmentation de 32,46 % des
actions menées contre les employeurs
fautifs.
Néanmoins, comme vient de le souligner
M. le rapporteur, une connaissance
encore plus approfondie de la situation
nous paraît nécessaire.
Il importe notamment de comprendre cette
immigration clandestine, de comprendre
pourquoi des milliers d'hommes, de
femmes et d'enfants tentent l'impossible
au risque de leur vie, de comprendre
pourquoi il est difficile, pour les
autorités publiques, d'en appréhender
les réseaux, de comprendre pourquoi il
faut absolument en limiter le flux, de
comprendre ce que celui-ci a de négatif
pour notre société.
Il est également important - les
auteurs de la proposition de résolution
l'ont eux-mêmes souligné - de prendre
en compte la particularité des
territoires d'outre-mer, chacun d'entre
eux étant concerné par ce problème en
fonction de ses particularismes géographiques,
géopolitiques ou culturels. En effet,
le phénomène n'est pas le même à la
Réunion et à Mayotte, en Guyane et en
Martinique. Les récents événements de
Mayotte ont montré l'urgence qu'il y
avait à traiter la situation dans cette
collectivité.
Toutefois, l'amélioration des
conditions de vie dans les pays
d'origine me semble tout aussi
importante, ce que la discussion que
nous avons eue ce matin sur la coopération
décentralisée a bien fait ressortir.
La commission d'enquête permettra sans
doute de prendre la mesure de la détresse
de ces migrants, mais il faut désormais
agir directement, de concert avec les
gouvernements concernés.
En effet, pour éviter des flux
migratoires toujours plus divers et
massifs, quel meilleur moyen que de
maintenir ces populations dans leur pays
d'origine, en leur permettant de se développer
économiquement et de vivre dans des
conditions humaines acceptables ?
A ce titre, il me semble que la question
du développement des pays d'origine
doit relever d'une politique qui soit,
au minimum, de dimension européenne et,
au mieux, de dimension internationale. A
cet égard, je regrette que les auteurs
de la proposition de résolution ne
fassent pas la moindre allusion à
l'Europe dans l'exposé des motifs. Or,
depuis la création de l'espace
Schengen, il s'agit bien d'une problématique
européenne. Tant que cette question ne
sera pas traitée en accord avec les
autres pays membres, comment imaginer
que la France réussira à la régler
toute seule, alors que l'Espagne, à
l'instar de l'Italie, vient de régulariser
700 000 sans-papiers ?
Cette question me semble capitale et,
encore une fois, je m'étonne que cet
aspect ait été complètement omis dans
l'exposé des motifs.
Enfin, pour conclure, j'insisterai sur
la nécessité de réfléchir plus
globalement à notre politique
d'immigration, dont l'immigration
clandestine n'est qu'un aspect. En
effet, l'immigration ne devient
clandestine qu'à partir du moment où
elle sort du cadre de l'immigration légale.
Or quel est justement le cadre que nous
souhaitons donner à cette dernière ?
Il convient donc de réfléchir à
toutes les problématiques que je viens
d'exposer, afin de ne pas considérer
uniquement l'immigration sous des
aspects négatifs, comme le sous-tend
l'objet de cette commission d'enquête :
travail illégal, organisations
mafieuses, clandestinité, marchés
noirs... Voilà l'image que tend à véhiculer
un tel sujet, alors que nous préférerions
l'aborder de manière plus globale, pour
permettre une réflexion plus positive,
dynamique et volontariste.
Le groupe UC-UDF soutient donc la présente
proposition de résolution émanant du
groupe UMP et, si cette commission est
créée, comme je le souhaite,
participera activement à ses
travaux.
(Applaudissements sur
les travées de l'UC-UDF et de l'UMP,
ainsi que sur certaines travées du
RDSE.)
Pour
lire l'intégralité du débat, cliquez
ici
(Disponible sur le site du Sénat).
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